Psychologie du personnage
La première chose qu’on remarque bien souvent chez Calixte, c’est son
sourire, tantôt discret, tantôt rayonnant, tantôt rassurant. Mais toujours plus ou moins là. Il a appris à toujours sourire à la vie pour ne pas se laisser submerger par les mauvaises nouvelles. Il est naturellement
optimiste, mais cela ne l’empêche pas comme tout le monde d’avoir parfois des bas, il n’est pas un surhomme, mais il essaie de toujours être positif le plus possible. Peut-être aussi parce qu’il a une fierté assez prononcé, il a longtemps dû se débrouiller seul alors il a encore du mal à demander de l’aide, même à ses proches. C’est sûrement idiot, mais quand on a appris à être
indépendant très jeune, c’est difficile de se dire qu’on peut compter sur d’autres personnes à présent.
Bienveillant, il fait preuve de beaucoup d
’ouverture d’esprit et a une certaine
facilité à rencontrer de nouvelles personnes. Il lui est bien plus compliqué de s’attacher et d’accorder vraiment sa confiance. Plus encore maintenant qu’il a été frappé par le deuil, c’est si douloureux de perdre ceux qu’on aime qu’il lui semble plus simple de ne s’attachait vraiment à personne. D’autant plus que vivre pour l’éternité semble s’accompagner par l’inévitable perte d’êtres chers… Cela l’angoisse déjà.
Il est aussi une personne
très sensible et créative, ce qui se ressent dans son travail, mais aussi dans son empathie et sa perception du monde. Il peut être
très émotif, ce qui explique qu’il se protège un peu de certains événements potentiellement traumatiques pour lui. ça, et une certaine
lâcheté, parce qu’il n’a absolument pas l’âme d’un combattant. Il fuit les conflits, autant que les décisions à prendre, parce que les conflits et les décisions sont de loin les choses qui l’angoissent le plus !
Histoire du personnage
Janvier 2020. L’absence était étrangement pesante. C’était fou. On ne s’aperçoit de la place que prend une personne que lorsqu’elle disparaît. Du moins, on en prend abruptement conscience, on ne peut plus se cacher. Il ne pouvait pas cacher qu’Ariel lui manquait terriblement. Il venait presque toutes les nuits sur cette tombe pour éviter que des feuilles mortes ne la couvrent. Pour être sûr qu’elle soit toujours parfaite. C’était idiot. Cela ne lui ramènerait pas son ami. Mais il avait l’impression qu’en faisant cela il gardait peut-être comme un lien avec lui ? C’était stupide. Si seulement il n’avait pas été aussi lâche. S’il s’était lui aussi battu au lieu de se terrer, peut-être qu’Ariel serait toujours là… Seulement, ce n’était pas le cas. Ariel était mort, et lui était vivant. En quelque sorte.
“
Désolé Ariel…” murmura-t-il un soir de plus alors que les larmes coulaient le long de ses joues.
Il avait toujours cru qu’il serait le premier à mourir. C’était idiot mais il regrettait que ça ne se soit pas passé comme dans ses plans. C’était trop dur de le perdre.
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2002. Ils étaient en face du docteur, sa maman et lui. Il ne comprenait pas pourquoi sa maman était triste à chaque fois qu’ils voyaient ce gentil docteur. Il ne comprenait pas non plus pourquoi les enfants dans la salle d’attente n’avaient plus de cheveux. Lui, il avait de jolis cheveux bouclés ! Maman disait qu’il avait les plus jolis cheveux du monde !
“
Maman, maman… Pleure pas, maman !”
Ce soir-là, il resta à l’hôpital. C’était le premier soir qu’il passait seul à l’hôpital. Il avait peur. Il ne comprenait pas. C’était parce qu’il avait un cancer mais c’était si flou dans sa tête. Pourquoi c’était si grave ce qui lui donnait mal à la tête ? Pourquoi Maman avait l’air si triste ?
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2004. “
Hey ! T’es nouveau ! J’m’appelle Calixte, mais ici tout le monde m'appelle Cali ! Ou Caca, mais ça, c’est vraiment naze comme surnom ! C’est vraiment des gamins à m’appeler comme ça…”
Des gamins. Au moins autant que ce petit bout âgé de 6 ans qui se prend déjà pour un grand. Il était maigre comme une brindille, mais ça ne l’empêchait pas de sautiller partout. Les adultes l’appelait souvent la petite sauterelle, avec une pointe de pitié dans leur voix. Cali s’était habitué à leur regard un peu triste quand ils le regardaient, mais ça l’énervait aussi un peu. Tout comme le fait d’être tout seul. Alors quand Ariel était arrivé, il avait été si content que quelqu’un reste avec lui, rigole avec lui, et ne le regarde pas comme un cadavre ambulant.
“
Ariel ! Ariel !”
Il courrait dans l’orphelinat. Bon, il était obligé de s’arrêter pour reprendre son souffle, mais, il courut encore.
“
Ariel ! Regarde, mes cheveux reviennent !”
Quoi ? C’était une super nouvelle pour Cali. Vraiment. Il en avait plus depuis deux ans. C’était du coup un super évènement. Et peut-être un grand pas vers la rémission.
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“
T’as pas le droit ! Tu peux pas m’laisser ! T’as pas l’droit ! J’vais faire quoi sans toi, moi ?!”
C’était injuste cette colère. C’était injuste cette jalousie. Mais il attendait depuis des années qu’une famille veuille l’adopter. Et ici, il n’y avait que Drew avec qui il s’entendait. C’était comme son frère. Et un frère, ça abandonne pas sa famille, non ? Pourquoi ils les adoptaient pas tous les deux cette famille ? Et pourquoi il était heureux de partir loin de lui ? Il n’avait pas voulu faire mal à Ariel en lui mettant ce coup de pied, mais… Il s’enfuit. Il ne voulait pas le voir. Il ne voulait pas qu’il parte. Il resta enfermé dans un placard. La meilleure cachette de tout l’orphelinat. Il l’avait jamais montré à Ariel. C’était son refuge. Son refuge à lui tout seul. Parce que de toutes façons, il finissait toujours tout seul. Mais… Il était pas juste avec Ariel. Alors il avait fini par sortir de sa cachette. Il devait s’excuser pour tout ce qu’il avait dit. Et… Ariel avait disparu. Quand il alla crier qu’on avait enlever Ariel, on lui dit de se calmer. Quand la famille arriva le lendemain, on le présenta comme possible remplaçant. Mais personne ne veut d’un enfant malade, pas vrai ? La famille repartit avec un autre enfant. Ce n’était jamais son tour de toutes façons.
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2018.Vingt ans, ça devrait être un bel âge, non ? Un âge plein d’insouciance, où on pense à l’amour, à croquer la vie à pleine dents… Mais ça, c’est quand on a une bonne santé. Parce que lui, ses vingts ans, c’était l’année du retour du crabe. Une nouvelle tumeur dans son cerveau, plus violente que celle qu’il avait eu enfant. Peu d’optimisme de la part des médecins. Et lui, il ne savait pas si ça valait le coup de se battre avec la chimio. S’il n’avait plus que quelques mois, autant les vivre comme ça, non ? En profiter sans les séjours à l’hôpital, non ?
Il avait fini par refuser la chimio. Il faisait avec les maux de tête. Il inventait tout un tas d’histoires à ses amis. Il avait toujours su inventer des excuses pour ça. C’était étrange de réussir à mentir aussi bien parfois. Et puis, il avait craqué. Il avait tout confié à quelqu’un qu’il aimait beaucoup mais encore un peu distant, Franz. Il avait tout lâché, la bombe du cancer, le fait d’avoir quelques mois au plus devant lui. C’était sorti comme ça. Parce qu’il n’avait personne d’autre à qui se confier. Peut-être aussi parce qu’il avait confiance en lui. Mais en aucun cas il n’aurait pu prévoir ce que Franz allait faire pour lui. Briser le secret du monde Obscur et lui proposer de devenir vampire lui aussi. C’était surréaliste mais… Quand on est désespéré à ce point, on est prêt à tout. On est prêt à tout croire. Même en l’espoir.
Il n’avait pas fallu plus de deux mois pour que son état se dégrade au point que la proposition de Franz soit la seule possible pour sa survie. Ils étaient parti ensemble dans cette maison loin de New York. Une si jolie maison. C’était un bel endroit pour mourir. Un bel endroit pour renaître aussi. De sa transformation à proprement parler, il ne garde en souvenir que des bribes, parfois la nuit il se réveille en sursaut en se sentant submergé par l’obscurité. Peut-être que c’était ce qu’il avait ressenti sous terre. Il ne sait pas très bien. Il se souvient surtout de l’après, de Franz qui l’attendait, de leur étreinte. Des odeurs, de la beauté du monde. C’était finalement un moment plus doux et tendre que tout ce qu’il aurait pu imaginer. Son père vampirique avait vraiment fait tout ce qu’il pouvait pour rendre ce moment difficile moins pénible et il ne pouvait qu’en être reconnaissant. Oh bien sûr, il y a eu des choses vraiment étranges et compliquées comme boire du sang. Oui, vous me direz c’est la base chez les vampires, mais il y a une franche différence entre le savoir et le vivre.
Et puis, ils étaient rentrés à New York. Un peu en catastrophe à sa demande. Ariel avait besoin de lui. Son père avait disparu. Peut-être que maintenant qu’il en avait un il comprenait un peu mieux sa panique.
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26 juin 2018. Cette date restera à jamais gravé dans sa mémoire. Il y a des jours comme celui-ci qu’on ne peut oublier. Un jour où s’emmêlent tant de sentiments. La peur, la panique, la tristesse, la joie, l’amour, l’angoisse, le bonheur. Tant d’émotions contraires.
Pourtant tout avait commencé comme un cauchemar. Ce nephilim laissé pour mort au milieu de Central Park qui le supplie de le transformer, et lui qui ne pouvait pas dire non. La panique d’avoir changé quelqu’un alors qu’on est qu’un enfant dans le Monde Obscur. La panique de ne pas savoir quoi faire. C’était une peur viscérale. Surtout que cet homme avait été assassiné. Vraiment, on avait connu mieux pour rentrer dans la parentalité comme situation.
Eliott avait été là pour l’aider, même s’il était tout aussi paniqué que lui. Puis Olympe les avait guidé. Et cette épreuve l’avait poussé à avouer. Avouer qu’il aimait Eliott comme un fou depuis des mois. Qu’il n’était pas un simple ami. On arrive à la partie joie de cette soirée. Parce que même si l’angoisse d’avoir la mort de ce Nephilim sur la conscience était là, il avait aussi la joie de savoir Eliott amoureux de lui ? C’était les montagnes russes des émotions.
Et Alexander -le Nephilim- avait survécu. Devenant son fils. En étant plus vieux que lui. Ouais, la vie de vampire, c’est un peu étrange parfois…. Et Calixte n’était vraiment pas sûr d’être un père idéal. Mais bon, au moins, il lui avait sauvé la vie ? En quelque sorte.
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Septembre 2018. Les images de la bataille de l’Institut le hantait. Il ne voyait que ça. Le sang. Les cris. La violence. Il revoyait en boucle ce qu’il avait lui-même fait. Cette rage qui l’avait emporté. Cette peur qui l’avait poussé à se battre pour protéger Eliott. Les cranes brisés. Le sang. Tout ce sang. Il frottait ses mains sous l’eau, les larmes roulant le long de ses joues. Il avait la nausée. Pourquoi avait-il l’impression que ses mains seraient toujours rouges de ce sang ? Et Franz qui perdait pied. C’était un cauchemar. Il ne pouvait pas supporter tout ça. Il ne pouvait pas.
Et Eliott qui ne parlait que de continuer de se battre contre cet ennemi.
Calixte ne voulait pas se battre. Il n’en était pas capable. Il ne voulait pas redevenir ce monstre sanguinaire. Et l’idée même de perdre Eliott sans pouvoir le protéger le cisaillait le cœur.
“Eliott, c’est mieux si… Si on fait une pause. Je peux pas. Je peux plus. Je suis désolé.”
Ces mots avaient été si durs à lui dire. Il les regrettait encore mais ils avaient l’immortalité pour se retrouver. Peut-être. Si Eliott lui pardonnait d’être si lâche. De ne pas être capable de se battre. De préférer protéger son père que l’humanité toute entière.
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